Gustav Holst
1874 - 1934

A dire vrai, je ne pense pas qu'il ait déjà été diffusé dans Ballade Nocturne, cependant son oeuvre la plus connue mérite réellement le détour et à tout à fait sa place dans le site.
J'espère vous donner la curiosité de jeter une oreille sur celle-ci.


Bon, soyons clair tout de suite, Gustav Holst n'a jamais été diffusé dans Ballades Nocturnes et ne le sera probablement jamais. Cependant si vous êtes venu sur ce site, si vous avez choisi le classement musique classique, si vous aimez le style pictural de Debussy, alors il est fortement probable que vous serez intéressés par "Les Planètes" de Holst. C'est pourquoi je choisis d'en parler et peut-etre vous inciter à le découvrir.

Né à Cheltenham le 21 septembre 1874, il suit des études de pianiste et d’organiste au Royal College of Music de Londres. Il étudie le trombone qu’il pratique dans divers orchestres londoniens jusqu’en 1905. Puis il est nommé directeur musical à St. Paul’s Girls’ School et responsable de la musique au Morley College de Londres, postes qu'il gardera jusqu’à la fin de sa vie.
Personnalité étonnante pour l'époque, il s'intéresse à la philosophie orientale et apprend le sanskrit. En 1914, il commence à travailler une suite pour orchestre "Les Planètes", qu'il présenta deux ans plus tard et achevera en 1917. C'est surtout grace à cette oeuvre que l'on connait Holst encore aujourd'ui.

Après avoir composé de nombreuses oeuvres vocales, domaine qu'il maitrise particulièrement bien, sa vie s'achève à Londres le 25 mai 1934. Il fut avec Edward Elgar, l’une des figures dominantes de la musique anglaise de la première moitié du 20ème siècle.



Gustav Holst - The Planets
Berliner Philharmoniker - Herbert von Karajan
label : Deutsche Grammophon - 1981


Cet enregistrement est la plus brillante des interprétations de toutes les versions des "Planètes" de Holst que j'ai eu l'occasion d'écouter. Enregistré en 1981 par Karajan et son orchestre, il exprime (à mon avis) très fidèlement les sentiments de Holst. Karajan a subit de nombreuses critiques suite à son comportements et sa vision face aux médias, mais il faut reconnaitre qu'il a fait parti des rares humains à savoir entrer au coeur d'une oeuvre et l'exprimer dans toute sa profondeur.

Les Planètes s'organisent en sept thèmes. Le choix des couleurs instrumentales est exceptionnel de la part de Holst

"Mars, celui qui apporte la guerre" et sa mesure à 5/4 ; violent, puissant, qui aurait très bien pu être le générique de StarWars (sans être péjoratif) Je me suis souvent demandé si John Williams ne s'est pas inspiré de cette oeuvre.

"Vénus, celle qui apporte la paix" , le calme après la tempête avec un thème doux et tranquille, paisible justement. A noter que Mars fut écrit au début de la guerre 1914-1918 et Vénus à la fin.

"Mercure, le messager ailé", dernier composé, vivant, des coloris musicaux changeant très rapidement, comme la pensée humaine.

"Jupiter, celui qui apporte la joie" , c'est le thème le plus Brittanique, conservateur. Le passage intervenant vers la 3ème mn que je qualifierai de "thème large" traduit pour moi véritablement l'Amitié (avec un grand A). Toute la noblesse, la largeur, l'éclat, la classe y est représentée.

"Saturne, celui qui apporte la vieillesse", incontestablement mon thème préféré. Il faudrait une page entière pour expliquer pourquoi. (afin d'éviter une tonne de mails de protestation, je me sens obligé de préciser que cette interprétation n'engage que moi) Brièvement, disons que les 4 premières minutes me semblent exprimer toute la densité de l'angoisse humaine face au temps qui passe inexorablement et à la fatalité de la vieillesse. Le thème monte progressivement en puissance puis vers 6'15 (dans cette version), puis changement de thème jusqu'a la dixième mn. L'apaisement, tout redevient calme ; résignation. Sagesse, sérénité, profondeur, dans une atmosphère intemporelle, cristalline, renforcée par un savant mélange de harpes, de cuivres et de vents ; l'ame de l'humain accède à l'éternité, avant les derniers souffles de vie soutenus par les cordes graves et une lente montée finale vers les aigus... Je sais que dit comme ca, cela peut paraitre abstrait, mais j'espère que cela vous donne envie d'écouter ce thème (dans une bonne config. audio) en essayant de comprendre ces qques lignes.
Rare sont les oeuvres à ma connaissance sondant et reflètant à ce point les profondeurs de l'ame humaine.

"Uranus, le magicien" que je n'aime pas trop. Certains passages de ce thème me rappelle étrangement "L'apprenti Sorcier" de Dukas.

"Neptune, le mystique" réellement -mystique- justement. Encore une fois, les couleurs orchestrales sont sublimement employées, appuyés par un choeur de femmes en coulisse. Nous sommes assez loin de l'utilisation habituelle d'un orchestre symphonique. Voici ce qu'en dit Anthony Burton : "Uranus le magicien ouvre la voie à Neptune qui, avec sa flottante mesure à 5/4 et son choeur, transcende caractères individuels et émotions humaines pour conclure Les Planètes de Holst dans la contemplation mystique du temps et de l'espace infinis". Je suis entièrement d'accord avec ce monsieur...

N'oubliez pas de replacer cette oeuvre dans le contexte de l'époque pour bien prendre concience de ses qualités.